L'introduction en élevage d'une nouvelle espèce en dehors de son aire de répartition naturelle
qualifie cette espèce d'exotique. Macrobrachium rosenbergii dont l'origine naturelle est l'Asie du
Sud-Est est donc une espèce exotique en France.
Deux catégories de risques peuvent être engendrés par l'introduction d'espèces exotiques :
- le risque invasif lorsque l'espèce, qualifiée alors d'espèce exotique envahissante, prolifère et
provoque des dégâts dans le milieu dans lequel elle s'installe, - le risque sanitaire, lorsque l'espèce est vectrice d'agents pathogènes pouvant affecter d'autres espèces autochtones ou d'élevage.
Pour la crevette d'eau douce Macrobrachium rosenbergii le risque invasif peut être considéré
comme nul grâce à ses caractéristiques biologiques :
- Cette espèce ne peut pas survivre à des températures inférieures à 13°C. Ainsi sous nos
latitudes de France métropolitaine, l'hiver est fatal pour les crevettes élevées en extérieur. La
température de l'eau descend systématiquement en dessous de 10°C l'hiver dans le sud de la
France. Même avec une augmentation de température de 4°C dans le cas de scénarios
défavorables de réchauffement climatique, cette espèce ne pourrait pas survivre sur l'année. - Cette espèce amphidrome nécessite, pour la réalisation de l'étape larvaire de son cycle
biologique, de l'eau saumâtre chaude de type mangrove. C'est un écosystème rencontré en
zone équatoriale sur le littoral. Cet écosystème étant inexistant en France métropolitaine,
elle ne peut pas s'y reproduire, même dans le cas improbable de sa survie à l'hiver !
Concernant le risque sanitaire, il est limité et contrôlé dans le cas de l'élevage français (métropole)
de Macrobrachium rosenbergii. Bien que les parasites et maladies spécifiques à cette espèce dans
son aire d'origine ne peuvent pour la plupart pas réaliser leur cycle de vie sous nos latitudes, la
prévention du risque sanitaire provient essentiellement du statut indemne de maladies du cheptel
introduit en France.
Le lot originel provenant des Etats-Unis était certifié indemne des maladies réglementées des
crevettes au niveau international. Tous les individus élevés sont des descendants de ce lot initial
n'ayant jamais présenté de maladies depuis 2017. La seule maladie réglementée pour cette espèce
en Europe est la maladie des points blancs (White Spot Syndrome Virus) ; un dépistage a été effectué en 2017 sur le lot originel et les résultats étaient négatifs.
Mais la prévention des risques passe avant tout par les bonnes pratiques d'élevage et le caractère systématiquement fermé des installations aquacoles recevant des crevettes d'eau douce.
En installation aquacole fermée (voir Règlement CE 708/2007 modifié) l'élevage n'est pas connecté aux eaux naturelles. Ainsi tout risque d'évasion est limité ainsi que le risque d'introduction (ou de sortie) de maladies.
Les autres bonnes pratiques d'élevage incluent :
- Introduction dans de nouveaux élevages de crevettes issues seulement d'un cheptel
indemne (cas du lot initial présent en France), - Vide sanitaire chaque année : absence totale de crevettes dans les bassins en hiver, ce qui
évite tout risque de survie d'agents pathogènes potentiellement portés par les crevettes, - Densités d'élevage très faibles, de l'ordre de 3 ou 4 crevettes/m², ce qui limite le stress des
animaux et les contacts, améliore leur bien-être et leur résistance, et par conséquent
diminue considérablement les risques d'apparition ou de diffusion de maladies, - Assec des bassins au minimum une fois par an, couplé à un chaulage selon les cas.
En savoir plus : Intérêts de l’élevage de Macrobrachium rosenbergii